En collaboration avec HT Today, von Rundstedt lance une nouvelle étude. Le thème de l’étude cette année : les pratiques des entreprises en matière de recrutement. Nous souhaitons comprendre comment la pénurie de main d’œuvre et l’IA influencent les processus de recrutement et le comportement des recruteurs d’une part, et ce que cela signifie pour les demandeurs d’emploi d’autre part. Une série d’articles paraîtra dans chaque numéro de HR Today et détaillera une étape du processus de recrutement.
Déjà aujourd’hui
L’IA s’infiltre partout dans les processus de recrutement : les Applicant Tracking Systems (ATS) scannent et filtrent froidement les CV selon les mots-clés, les chatbots engagent les candidats en temps réel, les algorithmes prédictifs connaissent le potentiel des candidats mieux que les candidats eux-mêmes, la planification automatisée des entretiens économise du temps et réduit les confits d’agenda, l’anonymisation des profils réduit les biais en se concentrant sur les compétences techniques et pas sur les informations personnelles… Les entreprises adoptent les Jeux Sérieux qui intègrent de l’IA. Basés sur les neurosciences et l’IA ces jeux permettent d’évaluer les capacités cognitives (mémoire, attention, flexibilité cognitive…) et comportementales (collaboration, communication, prise de risque, gestion du stress…) et de proposer des axes de développement. Ils s’adaptent en temps réel et le jeu peut devenir plus difficile ou plus facile selon les performances des candidats. L’IA associe ensuite les candidats aux profils d’emploi disponibles et appropriés. En résumé, l’IA transforme le recrutement, améliore l’efficacité, réduit les biais et améliore l’expérience candidat. Cependant, l’IA ne mène pour l’instant pas à de meilleures décisions ni à plus de qualité dans le processus de sélection.Et demain ?
Le matching avancé prendra en compte l’adéquation culturelle et les compétences sociales avec beaucoup plus de précision. L’expérience candidat personnalisée permettra de faire des recommandations d’emplois pertinentes et proposera des suggestions de développement basé sur les objectifs de carrière individuels ou même sur les besoins futurs du marché. Les évaluations de compétences (Assessment Center) seront automatisées et interactives. L’IA assistera en temps réel les recruteurs pendant les entretiens pour leur suggérer des questions, des points à creuser, à partir des échanges et des signaux non-verbaux. L’IA permettra aux entreprises d’obtenir des données en temps réel sur le marché du travail et les aidera à adapter leurs stratégies aux conditions changeantes et à la concurrence. Enfin l’IA continuera de jouer un rôle important dans la promotion de la diversité et de l’inclusion en identifiant les biais à chaque étape du processus de recrutement.Et l’humain dans tout ça ?
Pas d’inquiétude, l’humain est plus nécessaire que jamais ! L’IA a ses failles et ses moments de « bug » : elle peut classer des candidats comme inadéquats alors qu’ils seraient en réalité parfaits pour le poste, ou pire promouvoir un employé parfait sur le papier mais inadapté en réalité. Les anecdotes d’algorithmes discriminants ne manquent pas. Nous avons encore en tête les biais des algorithmes d’Amazon ou Unilever qui auraient favorisé les CV des candidats masculins, l’Apple-Card de Goldman Sachs qui aurait offert des limites de crédit inférieures aux femmes, IBM et la question des biais d’âge, ou encore Facebook et les questions démographiques. L’introduction involontaire de biais lors de l’entraînement des modèles d’IA ou à travers les données utilisées, peut conduire à des sélections inefficaces, discriminantes ou qui passent à côté des Soft Skills. Cela a déjà appelé les autorités réglementaires de l’Union européenne à agir. Nous devons supposer que l’IA déclenchera donc probablement une nouvelle vague de régulation et de conformité dans un avenir proche.Les défis
Bien que l’IA ait réalisé des avancées significatives dans les processus de recrutement, il existe encore de vastes domaines dans lesquelles elle se révèle incompétente : la prise de décision complexe pour les rôles qui nécessitent de bien appréhender l’expertise spécifique au métier ou à l’industrie, l’évaluation de la créativité ou de l’intelligence émotionnelle. L’évaluation de l’empathie, de l’agilité au travail, la capacité à développer des réseaux, le travail en équipe sont essentiels et restent encore des défis pour l’IA.Dans les entretiens, l’IA peine encore à évaluer les réponses ouvertes, ou les nuances spécifiques à une expérience, qui sont essentielles pour prendre des décisions éclairées. Et parlons de l’adoption de l’IA dans les entreprises : les employés ne sont ni informés ni formés et se montrent passifs voire réticents.