Une étude évoque des salaires allant jusqu’à 400’000 francs pour un chef des ressources humaines de multinationales. Des profils rares et recherchés.
Les mauvaises langues diront qu’ils ont la haute main sur les fiches de paie. Sauf que, au sein des directions, ces postes n’avaient jusque-là pas la réputation de rafler la mise.
Les temps changent. Selon la dernière étude sur les rémunérations de Michael Page, les plus hauts postes des ressources humaines déboulent parmi les fonctions les mieux payées au sein des grands groupes. Le réseau de cabinets de recrutement évoque jusqu’à 400’000 francs pour un «vice-président senior directeur RH».
«Au-delà des compétences plus classiques d’organisation et de gestion d’un personnel nombreux, on parle de spécialistes disposant du meilleur réseau, dans des secteurs où règne une guerre du recrutement», témoigne Mathilde de Mareuil, responsable d’une agence de placement active dans le négoce de matières premières à Genève.
Les gros bonnets des multinationales
Au sommet des rémunérations de centaines de postes recensées par Michael Page, apparaissent – sans surprise – celles des responsables du «private banking» dans la finance ou des directions financières de multinationales, qui dépassent les 300’000 francs annuels pour monter jusqu’à 500’000 francs. Avant primes et autres intéressements.
À ces niveaux, l’apparition d’un poste de gestion du personnel détonne. Le classement fait apparaître un salaire brut de 300’000 francs en moyenne – et pouvant monter jusqu’à 400’000 francs – pour un «chief human resources», en charge de tout l’effectif d’une multinationale. Dans ces grands groupes, un directeur RH oscille autour de 230’000 francs et peut aller jusqu’à 280’000 francs. Contre 180’000 francs en moyenne dans une PME.
«Il ne faut pas oublier que pour des responsables RH au niveau mondial – ou d’un continent – les multinationales se basent sur une grille de salaire correspondant à celle des grands groupes cotés en Bourse, notamment américains, dont les niveaux restent très élevés», rappelle de son côté Anne Donou, directrice pour la Suisse romande au sein de von Rundstedt, réseau d’agences spécialisées dans le conseil en ressources humaines et la gestion de carrière.
Il y a DRH et DRH
En réalité, les départements RH regroupent une foule de postes différents, souvent administratifs et sans rapport en termes de rémunération – une assistante RH ou son collègue masculin touchent autour de 80’000 francs.
«En Suisse romande, dans huit cas sur dix, le terme de responsable RH recoupe encore des fonctions très opérationnelles, liées au recrutement, à l’accompagnement du cycle de vie de l’employé, aux rémunérations – dans ce cas, son niveau de rémunération reste semblable à celui pratiqué dans le passé», décrypte Marine Moncozet, directrice de Michael Page Genève, et en charge des profils RH.
«Mais vous avez également des postes beaucoup plus stratégiques – par exemple ceux de Chief HR Officer, répondant directement au CEO et participant au comité de direction», poursuit cette dernière. La spécialiste évoque «un rôle crucial ayant pour but de façonner la culture d’une entreprise et d’optimiser la gestion des talents – en développant des stratégies RH innovantes». À ce niveau, «les salaires peuvent se situer entre 250’000 et 400’000 francs, on parle là de grands groupes dont les PDG ont compris la force apportée par de tels postes… ce qui n’est, hélas, pas toujours le cas», nuance Marine Moncozet.
Chasseur de «traders»
Des salaires également liés au secteur concerné. Exemple, dans les matières premières, où les entreprises tentent d’attirer les meilleurs cadres et traders des concurrents. «Cette pression permanente, qui a atteint un niveau sans pareil ces dernières années, va exiger d’avoir à la tête des RH des personnes qui connaissent tout le monde, parfois d’anciens chasseurs de têtes», explique Mathilde de Mareuil, la directrice générale de l’agence Shipping & Trading Network.
Cette dernière cite également le petit monde des fonds d’investissement alternatifs – les «hedge funds». «Il reste très difficile de trouver de tels responsables ayant, en parallèle, l’expérience de la gestion de plusieurs centaines de collaborateurs – des traders aux techniciens des terminaux portuaires», ajoute cette chasseuse de têtes, en confirmant les rémunérations de l’enquête Michael Page.